Smart City Day ‘23: Économies de plateformes, quels modèles alternatifs ?

À l’occasion du Smart City Day 2023, Lucien Langton était invité à participer à une table ronde à Neuchâtel pour évoquer les communs numériques et les modèles alternatifs aux économies de plateforme.

Vidéo complète de la table ronde disponible ici

Économies de plateformes, quelques repères

De quoi parle-t-on lorsqu’on fait référence aux économies de plateformes? De source étymologique, Plateforme serait apparue dans le vieux français autour de 1540 apr. J.-C. et aurait été utilisée pour désigner une scène, un espace plan sur lequel se déroulent des événements. Ironiquement, les GAFAM’s reproduisent aujourd’hui ce que certains désignent comme un féodalisme de plateformes. Google, Amazon et autres plateformes induisent en effet un rapport de pouvoir totalitaire sur leurs sujets (les personnes qui utilisent le service, les mobilités urbaines, les territoires) dans le but de leur extraire une valeur, en les maintenant captives par ce que le philosophe Benjamin Bratton désigne comme des mécanismes d’enclaves retranchées.

Certains parlent alors d’économies extractivistes, voire dans certains cas, de capitalisme prédateur. Il est intéressant également de noter que les plateformes se positionnent comme intermédiaire et non comme objet final de consommation. Elles opèrent de cette façon comme des structures qui capturent les valeurs qui y transitent, sans pour autant définir un plan précis d’action: elles existent précisément en créant la scène et en laissant les évènements s’y dérouler.

La ville comme laboratoire d’intelligence collective

Actuellement, de nombreuses alternatives aux économies d’échelles traditionnelles se développent en milieux urbains sur des bases coopératives: au Portugal une coopérative d’énergies renouvelables, à Paris une coopérative de livraison à vélo, en Suisse des coopératives d’habitations… le numérique n’est pas en reste, avec des coopératives numériques comme Fairbnb, exemple parmi d’autres de coopératives numériques de plateformes.

Alors que de nombreuses villes souffrent de la gentrification et de privatisation de l’espace public (et privé), une approche basée sur les communs permettrait de lutter contre ce phénomène. En effet, comme le dit le spécialiste des communs numériques Michel Bauwens, les communs lourds (tangibles, physiques) doivent être ancrés localement, mais les communs légers (savoir-faires, informations, ressources-outils) quant à eux peuvent être partagés et mis à jour globalement: ainsi, les différentes stratégies urbaines de mobilité, de circuits-courts, de coopératives d’habitation et de participation démocratiques sont déjà partagées globalement dans certaines communautés en ligne.

Un contrat social comme base d’un commun numérique: le cas d’école Decidim

Cas d’école d’une innovation décloisonnée au service des communs, le projet Decidim a pour particularité d’avoir une base légale locale, internationale et un fonctionnement démocratique qui sont exprimés dans le contrat social à la base du projet. Toute personne qui participe au projet doit l’accepter.

Concrètement, ce contrat social relie la licence libre (AGPLV3) sous laquelle est publié le code source du projet, la gestion du projet à une association à but non lucratif basée à Barcelone, et l’organisation des activités de l’association à ses membres avec un fonctionnement démocratique (basé sur leur propre outil). Ces trois aspects permettent donc de créer une souveraineté commune du projet et de permettre des rapports financiers clairs entre spécialistes Decidim (comme octree) et l’association, à qui ils reversent une part de leurs revenus afin de soutenir le projet économiquement à l’échelle internationale, sur la plateforme openCollective.

Dans le cas ci-dessus, Decidim fait office de commun numérique pour la participation démocratique. Depuis sa naissance en 2016, cette approche a vu Decidim croitre dans plus de 30 pays, constituant plus de 500 plateformes, avec des villes comme New-York, Barcelone, Genève, ou encore Helsinki misant sur l’intelligence collective plutôt que sur des solutions propriétaires.

Quels besoins pour une stratégie “Smart City” pragmatique basée sur les communs?

Pour se créer, Decidim a bénéficié de crédibilité académique, politique et populaire. En termes de ressources, l’association Decidim a essentiellement bénéficié de financements publics et institutionnels. Ces soutiens ont été nécessaires pour se lancer toutefois, l’association diversifie maintenant ses finances avec un système de rétribution financière des villes et partenaires du projet.

Ces investissements initiaux représentent en réalité peu de risques: lorsque chaque ville mise en commun, les dépenses publiques sont mieux allouées et les retours d’expériences partagées, créant ainsi les bases d’une résilience souveraine des territoires tout en renforçant l’intelligence collective.

À Octree nous avons des projets de participation démocratique, de mobilité et de gestion des matières recyclables sur un territoire qui ne demandent qu’à faire partie de votre stratégie Smart City.

 

Vous avez une question sur un projet ? Contactez-nous et parlons-en.

- Lucien pour Octree

octree

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